vendredi 25 mai 2012

Quebec l'éducation ne sera plus pour tous, la liberté non plus. La révolution d'érable


 
Conflit entre les étudiants et le gouvernement qui veut augmenter les droit d'entrer à l'université au Québec
J’étais là. J’ai vu les policiers foncer sur mes étudiants, les matraquer et les arroser de poivre de Cayenne. J’ai entendu les insultes, les menaces, les défis qu’ils leur lançaient. Eux, les policiers, emmurés dans leur certitude obéissante, casqués, armés, violents. J’ai entendu le bruit de la matraque sur le crâne de ces jeunes filles et de ces jeunes garçons qui n’avaient que leurs cheveux et leur peau pour se défendre contre les coups. J’ai vu le sang couler le long des tempes sur des visages. J’ai vu une épaule sortie de sa capsule, les yeux poivrés d’un handicapé en chaise roulante. Ce poivre. Mot si familier, si anodin, tout près d’être risible. Mais qui blesse et humilie. J’ai senti la violence incommensurable de la révolte en moi: j’ai senti la colère. J’ai regardé ensuite les nouvelles et je n’ai rien vu de ce à quoi j’avais assisté.

Cela parce que des étudiants demandent depuis des mois à parler au gouvernement et que celui-ci refuse de le faire. La cause des étudiants est juste: il s’agit de rendre l’éducation accessible à tous et la hausse des frais de scolarité ne le permet plus. Comment le droit à l’éducation de certains individus peut-il prévaloir sur l’accès de tous à l’éducation?

La question pourrait sembler absurde. Mais ce gouvernement et sa loi spéciale nous forcent à la poser en ces termes. Comment peut-on invoquer le droit des individus au détriment de celui de tous? Ce n’est pas qu’antidémocratique, c’est  «insensé»… Comment peut-on faire une loi qui ne s’applique pas à tous ou encore qui s’impose à tous mais au seul bénéfice de certains? Que valent une loi ou un droit, que signifient ces termes et avec eux que signifie le mot justice lui-même s’ils ne s’appliquent plus qu’à un seul ou à quelques uns? C’est au sens des mots que ce gouvernement s’est attaqué: rompant le premier des pactes sociaux, celui sur lequel tous les autres reposent.

La responsabilité, qui découle du rapport à autrui, fonde la possibilité du droit, en même temps que celle d’obéir ou de désobéir aux lois. Nous devenons responsables, en effet, non pas quand nous obéissons aveuglément, mais lorsque nous répondons à ceux qui s’adressent à nous, nous appellent et nous interpellent. Si nous n’étions qu’obéissants, il ne nous servirait à rien d’être responsables.

Il nous faut en effet reconnaître le sens et la valeur de la loi pour vouloir y obéir. Il nous faut pouvoir être en mesure d’exercer la justice pour être juste. Et pour cela il faut être libre. Comment être responsable de ses actes si on n’a même plus la liberté d’en répondre ? Or ce gouvernement qui ne répond pas, en revanche exige qu’on lui obéisse aveuglément. «Nous faisons un pas en avant, mais nous ne reculerons pas.» Voilà à peu près comment «ne parle pas» ce gouvernement. Il ne sait parler qu’en retournant le sens des mots. Comment peut-on encore parler de démocratie, quand le principal responsable ne répond pas, est donc irresponsable?

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